1.5 – L’Audio Numérique Face à l’Audio Analogique

L’audio analogique est-il malgré tout supérieur à l’audio numérique ? La question est judicieuse, et a longtemps fait l’objet d’un débat acharné entre les partisans invétérés du vinyle et les avocats de la musique numérique. Pour mieux comprendre comment ce débat a pu naître et y apporter une réponse, il est bon de revenir sur les début de l’audio numérique.

L’audio numérique, des débuts difficiles

Le cylindre d’Edison et le phonographe de Berliner

Les débuts des formats numériques audio ont indubitablement été difficiles. On peut à certains égards les comparer à ceux du phonographe en 1887, où le techniquement supérieur cylindre d’Edison s’est vu supplanter par le disque d’Emile Berliner, dont les coûts de production bien inférieurs et la praticité en termes de stockage et transport ont conquis les investisseurs, en faisant le medium de choix et un standard pour la distribution de supports musicaux.

« Les impératifs commerciaux et standards de l’industrie musicale ont d’abord été à l’encontre des besoins audiophiles »

L’apparition du CD : un medium en dessous des technologies de l’époque

Avec l’apparition des formats audio numériques, un phénomène similaire s’est produit. Le format CD par exemple, né de la collaboration entre les compagnies Sony et Philips, a du répondre aux cahier des charge de Sony insistant pour un disque de petite taille (12 cm contre les 20 cm voulus par Philips) afin de pouvoir être lu depuis des lecteurs portables. Un an plus tard, la norme RED BOOK CD AD était née de ce compromis, et le CD a ainsi été limité à une profondeur de bit de 16 bits (avec une fréquence d’échantillonnage de 44,1 Hz) alors que la technologie PCM pouvait déjà offrir du 44,1 Hz / 24 bits, format permettant une meilleure qualité audio.

SACD : trop vite arrivé ?

De même, lors de l’apparition du CD haute définition, avec le standard SACD également né de la collaboration entre Sony et Philips, la technologie naissante Pulse Density Modulation (voir Qu’est ce qu’un format numérique audio haute définition ?) offrait un moyen d’archivage pratique pour l’industrie musicale. Le problème ici réside dans la rapidité avec laquelle elle a été récupérée, le standard SACD ayant été développé pour le DSD64 alors que le temps qu’il soit mis sur la marché, les fabricants de puces DAC avaient déjà doublé leur capacité en termes de fréquences d’échantillonnage, ce qui aurait permis de supporter du DSD128, pour une bien meilleure qualité.

Électroniques grand public et vices de construction

Les débuts de la musique numérique ont aussi souffert des vices de construction des sources numériques commercialisées à l’époque, peu respectueuses des bonnes pratiques que l’on connaît aujourd’hui en termes d’alimentation électrique et d’isolation des circuits, dont l’omission peut se révéler particulièrement néfaste au transport du signal audio numérique, en particulier pour les formats DSD. De même, on peut mentionner l’importance de la qualité des filtres numériques et de la conception des puces des convertisseurs numériques / analogiques utilisés dans les sources, souvent négligés dans les produits destinés à la commercialisation au grand public lors de l’émergence du numérique.

L’Essor des technologies de l’audio numérique

Qualité de l’encodage et richesse du signal

Les derniers formats audio en revanche permettent d’atteindre des performances bien supérieures à celles des débuts de l’industrie de l’audio numérique où compromis et précipitation ont pu nuire à l’écoute et aux besoins audiophiles. Les formats PCM et DSD font aujourd’hui débat pour savoir si il est bien utile d’encoder des fichiers avec des fréquences d’échantillonnage pouvant monter jusqu’à 768 kHz et des profondeurs de bits de 40 Bits, les limites de l’ouïe humaine semblant dépassées par ces nouveaux formats.

« Si autrefois audio numérique était automatiquement synonyme de mauvaise qualité audio, cela n’est absolument plus vrai aujourd’hui grâce aux progrès de la technologie »

Des électroniques conçues pour les besoins audiophiles

De surcroît, on peut trouver aujourd’hui des convertisseurs numérique / analogique qui justifient d’exceptionnelles performances et d’une construction exemplaires, en termes de circuits d’alimentation et d’isolation, et permettent de préserver la pureté du signal audio numérique lors de chaque étape du transport. La qualité des filtres numériques numériques et les performances des puces des convertisseurs numériques / analogiques utilisés dans les convertisseurs ont aussi fait des progrès considérables depuis cette époque, en permettant la réalisation des sources audio capables de fonctionner avec les plus exigeants des systèmes haute-fidélité.

Ecoute audiophile : attention à la qualité des enregistrement !

Une précaution toutefois, similaire à celle à prendre avec vos disques vinyles : on fera attention à la manière dont a été enregistrée, mixée et masterisée la musique en amont avant d’être convertie au format numérique lu par votre source. Si le son analogue perd tout intérêt lorsque le vinyle lu provient d’un enregistrement mixé et masterisé en numérique, les formats haute définition répondent à une problématique similaire : la lecture d’un fichier 24 bits / 176.4KHz n’apportera par exemple aucun bénéfice par rapport à celle depuis un CD si le processus d’enregistrement, mixage et mastering a été réalisé en 16 bits / 44.1 kHz !